Bossuet en question. Ecclésiologie et politique en Italie au XVIII siècle

Le nom de Bossuet figure très souvent chez les auteurs ecclésiastiques italiens du XVIII siècle. Plusieurs de ses ouvrages, du Discours sur l’histoire universelle à la Histoire des variations, se prêtaient à d’interprétations différentes. Jansénistes et antijansénistes y puisaient à pleines mains les matériaux pour leurs arguments, mais aussi une riche documentation érudite, très exploitée dans les conflits théologiques. J’ai choisi d’exposer en particulier les références à la pensée politique et ecclésiologique de Bossuet. Ses ouvrages sont considérés par les jansénistes tel un répertoire d’arguments historiques et théologiques en faveur de l’origine divine de la souveraineté et du pouvoir absolu. On tire parti, contre Rome, du gallicanisme de Bossuet. Ce n’était pas là la seule interprétation possible, même quant aux prérogatives et aux fonctions de la papauté. Plusieurs auteurs « curialistes » au contraire mentionnent des passages des œuvres de Bossuet à l’appui d’une idée hiérarchique de l’Eglise. Ils font recours à Bossuet aussi en ce qui concerne la visibilité de l’Eglise et la nécessité de ne pas la soumettre au pouvoir séculier. Dans l’Italie ecclésiastique du XVIII siècle, au cœur des controverses politiques et ecclésiologiques, les ouvrages de Bossuet forment un répertoire qui fait autorité, abondamment exploité, auquel on puise des suggestions et des idées afin de prouver des thèses divergentes et même antithétiques.