Les pierres gravées du Queyras : une petite image polygonale dont la forme rappelle la constellation d’Orion / M.M. Falchi. ((Intervento presentato al convegno Colloque international : representations d'astres, d'amas stellaires et de constellations dans la prehistoire et dans l'antiquite tenutosi a Tende (Alpes Maritimes) nel 2012.

Les pierres gravées du Queyras : une petite image polygonale dont la forme rappelle la constellation d’Orion

M.M. Falchi
Primo
2012

25-set-2012
Histoire Un jour de l’été 2001, de retour du col Blanchet (2897 m, au bout de la vallée de l’Aigue Blanche, commune de St. Véran 05350), je suivais un itinéraire hors du sentier. À cette occasion, je fus frappé par une petite gravure étrange - dont la forme correspondait à peu près à celle d’une clepsydre - que j'avais observée juste en aval (vers l'ouest) du lac inférieur de Blanchet sur un des nombreux blocs polis par les glaciers et dispersés dans cette zone proche de la frontière. Ce chaos de blocs a une origine toute locale: ils proviennent d’une nappe de marbre du Jurassique supérieur qui se trouve au pied de la Rocca Bianca (3059 m), pic qui domine la région des deux lacs Blanchet du côté français et la large cuvette de la Chenal (Chianale) du côté italien. Ce jour-là, je considérai cette gravure, apparemment dépourvue d’intérêt, comme un simple amusement de quelque berger, voire un passe-temps réalisé à l’aide d’une baïonnette par quelque militaire de garde à la frontière franco-italienne. Toutefois, après cette première observation, la lecture d’un article paru dans Valados Usitanos n° 67, 2000 concernant la constellation d'Orion et sa mythologie en relation avec les plus anciennes traditions culturelles du contexte agro-pastoral des peuplades alpines, me poussa à reconsidérer cette pierre que j’avais entre-temps presque oubliée. En 2003, la gravure fit donc l’objet d’un relevé photographique que je réalisai avec un appareil argentique. J’envoyai ensuite les images, accompagnées d’un bref récit, à M. Piero Barale, l’auteur de l’article sur la constellation d’Orion mentionné ci-dessus. À ma surprise, Barale jugea fort intéressant – il parlait de « Gravure exceptionnelle! » – le matériel envoyé, car cette gravure du Queyras lui semblait être presque la même qu’une autre originaire du mont Bego (Roche Z XIX. G III. R 35 alpha “ Anthropomorphe qui tient un arquée horizontale”). Barale donna tout de suite un rapide aperçu de la gravure nouvellement découverte dans son livre, publié en 2004, sur la civilisation de la tribu des Ligures Bagienni (Gaule transalpine-Piémont), en reproduisant l’image en marge de la page 164, avec un bref aperçu. Mon ami Renato Nisbet réussit à trouver une image de la gravure en forme de clepsydre du mont Bego (Fig. 1), dont le sens demeurait cependant plutôt obscur – disait-il – vu que les experts se bornaient à proposer quelque vague rapport avec les quatre traits horizontaux situés au-dessous. Sur la base de la ressemblance étonnante, mais bien réelle, de la gravure du Queyras et de celle du mont Bego, répertoriée mais pas expliquée d’une façon exhaustive, il fut alors décidé de rédiger et publier en italien un bref rapport sur cette découverte et de fournir ainsi aux spécialistes de quoi alimenter leur réflexion ultérieure. (“.…lasciando agli esperti del settore disciplinare ogni ulteriore speculazione"). Ce rapport est paru dans Valados Usitanos 81, 49-54, 2005. Rapport technique (altitudes d’après la carte I.G.N. 3615) La gravure se trouve isolée, en position excentrique, vers le bord N d’une large dalle plate de schiste marmoréen du Jurassique supérieur, bien polie par l’action glaciaire et inclinée vers le terrain en direction S–SO. Sa forme ressemble à celle d’un trapèze irrégulier, dont le périmètre est: AB = 235 cm; BC = 55 cm; CD = 270 cm; DE = 200 cm; EF = 100 cm; FA = 150 cm (flèche sur la gravure) (Fig. 2). Du site de la dalle, on voit en plongeant la tête de la vallée de l’Aigue Blanche, c’est-à-dire le large replat vallonné et gazonné dont la limite aval est la chapelle (flèche) de Notre-Dame de Clausis (commune de St. Véran, Queyras, Hautes-Alpes) (astérisque sur le refuge de la Blanche) (Fig. 3). Sa position géographique est la suivante: environ 200 m au-dessus du lac de la Blanche à la cote de 2725 m, à peu près à la hauteur d’une ligne idéale tirée entre le lac de la Blanche (2499 m, refuge) et la partie aval du lac Blanchet inférieur (2746 m), environ 250 m (en ligne droite) du côté droit du sentier Clausis-col Blanchet-Chenal, 800 m de la frontière (en ligne droite): voir la carte géographique (Fig. 4), astérisque sur le site N 44°39’47.88”, E 6°56’47.87” (moyenne de 4 mesures GPS effectuées le 6/9/2012 à l’aide d’un appareil Bushnell BackTrack et légèrement corrigée selon Google Earth). La gravure a été réalisée avec une série de petits trous coniques ou microcupules (environ 50) faits par la technique du trépan, dont la profondeur actuelle ne dépasse pas 1 cm. Le contraste optique pour les photos de la gravure a été obtenu en saupoudrant la pierre avec de la terre foncée d’origine végétale (Fig. 5). La longueur de la gravure est de 20 cm (22 cm si on compte aussi la cupule isolée en haut, à droite) (Fig. 6). Autour de la gravure on trouve aussi trois microcupules isolées, une à quelques centimètres en dessous de la figure en forme de clepsydre et deux autres à quelque dix centimètres d’elle et vers le bord N de la dalle (Fig. 7, flèches). On observe aussi deux microcupules à approximativement 1 m à l'est de la gravure et à la distance d’environ 11 cm l’une de l’autre (flèche sur la Fig. 8 ; Fig. 9). L’axe de la gravure est orienté environ 25° en direction NO. Le premier relevé photographique a été effectué le 1er septembre 2003 (images sur pellicule), un deuxième a été fait le 9 août 2008 (images numériques) et un troisième le 6 septembre 2012 (images numériques). La position topographique de la dalle se voit bien sur la Fig. 2, où la pierre est photographiée d’amont en aval: la chaîne enneigée à l’horizon est le groupe Pelvoux-Barre des Écrins avec ses glaciers, le petit point blanc sur la crête du pic de Châteaurenard (2989 m) est l’observatoire astronomique du même nom (flèche), le pic ophiolitique noir et presque cylindrique à droite est le Rouchon (2929 m). L’axe de la gravure est orienté à gauche du sommet situé à mi-chemin entre le pic de Châteaurenard et le Rouchon, c’est-à-dire le pic Traversier (2882 m), et il vise en bas la crête qui descend du pic de Châteaurenard. Plus précisément, l’axe de la gravure est orienté vers le haut de la Mine de Cuivre, dont les sites d'exploitation s’étalent le long du couloir de Pinilière, et dont la partie haute (2450-2550 m) abrite les exploitations minières d’intérêt archéologique. Sur la photo prise depuis les virages de la route qui monte à l’observatoire astronomique (Fig. 10), on voit très bien la position de la dalle (flèche blanche); au pied de la falaise on voit aussi le lac de la Blanche et le refuge (flèche noire); l’imposant pic noir est la Tête des Toillies (3175 m). Voir aussi la photo de la Fig. 11, prise du bord du lac de la Blanche (flèche sur le site de la dalle). Un peu au-dessous de la chapelle de N.-D. de Clausis se trouve l’ancienne mine de cuivre que nous avons citée, laquelle fut exploitée à l’époque romaine (trouvailles de pièces), mais était déjà bien connue et exploitée à l’Âge des Métaux1, vu qu’ici on trouvait - fait exceptionnel - du cuivre natif, qui ne demandait pas de traitement métallurgique particulier. Aujourd’hui le cuivre natif est épuisé depuis très longtemps (on en retrouve encore cependant des traces), mais la mine a fonctionné jusqu’à la fin des années 1950 en exploitant de la bornite (un sulfure de fer et cuivre) de très bonne qualité. À quelque cent mètres de la mine, on peut encore voir le site d’une carrière de beau marbre vert des Alpes (ophicalcite), cette carrière aussi est abandonnée depuis longtemps. En conclusion, l’identification de cette gravure en forme de clepsydre avec la constellation d’Orion, de même que son probable rapport avec la Z XIX. G III. R 35 alpha du mont Bego, semble trouver la faveur des experts, alors que, en ce qui concerne l’époque à laquelle cet ensemble de microcupules pourrait remonter, nous ne pouvons rien affirmer. On peut toutefois observer et aussi souligner que le cadre naturel de notre dalle a connu avec certitude une importante fréquentation humaine depuis la plus haute Antiquité. NOTE 1Des campagnes de recherche archéologique menées vers la première moitié des années 1990 (A. Gattiglia, M. Rossi Les céramiques de la mine de cuivre préhistorique de Saint-Véran – Hautes Alpes, ANTROPOLOGIA ALPINA, 1994) ont permis de trouver les traces de l’exploitation de l’Âge du Bronze, c'est-à-dire plusieurs tessons de poterie, des tuyères en terre cuite pour souffler l’air dans le four à fusion, des scories de fusion avec un creuset fragmentaire, qui, selon des analyses effectuées par le C.N.R.S. - Université de Montpellier, se révéla être fait d’une pierre (serpentinite à flogopite) en provenance de la région piémontaise d'Ivrea, fournissant ainsi la preuve de relations de la mine avec la plaine du Piémont. De récentes datations au radiocarbone témoignent que l’exploitation de la mine a dû commencer au moins vers l’an 2300 avant J-Ch. (D. Bourgarit, P. Rostan, E. Burger, L. Carozza, B. Mille, G. Artioli The beginning of copper mass production in western Alps: the Saint-Véran mining area reconsidered, HISTORICAL METALLURGY 42, 1-11, 2008).
gravures rupestres ; archéoastronomie
Settore L-ANT/01 - Preistoria e Protostoria
Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche
Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur
Conseil général des Alpes-Maritimes
Université Nice-Sophia Antipolis
Musée départimental des Merveilles de Tende
Les pierres gravées du Queyras : une petite image polygonale dont la forme rappelle la constellation d’Orion / M.M. Falchi. ((Intervento presentato al convegno Colloque international : representations d'astres, d'amas stellaires et de constellations dans la prehistoire et dans l'antiquite tenutosi a Tende (Alpes Maritimes) nel 2012.
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